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Berthold Charles Désiré Mahn, né à Villeneuve-sur-Yonne (Yonne) le [1] et mort dans la même ville le , est un artiste peintre, dessinateur, lithographe et illustrateur français.

Berthold Mahn
Berthold Mahn
Naissance

Paris
Décès
(à 93 ans)
Villeneuve-sur-Yonne
Nom de naissance
Baptiste Charles Berthold Mahn
Pseudonyme
Berthold-Mahn
Nationalité
Française
Activités
Dessinateur, illustrateur, peintre
Enfant
Jean-Berthold Mahn
Distinction
Chevalier de la Légion d'honneur‎

Biographie



De Belleville à Chantilly (1881-1918)


Aîné de quatre enfants, Berthold Mahn naît dans le quartier de Belleville de l'union d'un artisan silésien venu s'installer à Paris[2] et d'une Luxembourgeoise née Marie-Jeanne Dantz[3]. À seize ans, obligé de travailler pour vivre, il est embauché dans une fabrique de fourneaux et de cuisinières de l'avenue Parmentier[3]. Il suit des cours de dessin d'Edmond Eugène Valton à l’école Germain Pilon (future école Duperré)[4].

Abbaye de Créteil : au fond à droite, Berthold Mahn.
Abbaye de Créteil : au fond à droite, Berthold Mahn.
Membres de l'abbaye de Créteil, vers 1906-1907 : Berthold Mahn est au second rang au milieu, entre Georges Duhamel et Jacques d'Otémar.Au premier rang : à gauche, Charles Vildrac ; au milieu, Albert Gleizes.
Membres de l'abbaye de Créteil, vers 1906-1907 : Berthold Mahn est au second rang au milieu, entre Georges Duhamel et Jacques d'Otémar.
Au premier rang : à gauche, Charles Vildrac ; au milieu, Albert Gleizes.

Pendant son service militaire effectué en 1902 au 72e régiment d'infanterie d'Amiens[5] (affecté à y peindre des décors, il y réalise également sa première lithographie grâce à la presse du régiment[5]). Il rencontre les peintres Jacques d'Otémar et Albert Gleizes ; ce dernier l’encourage dans la voie artistique. C'est par Gleizes qu'il entre en contact avec les membres de l'abbaye de Créteil, une communauté d'artistes fondée par Georges Duhamel et Charles Vildrac[6]. Il demeurera en relation avec eux toute sa vie.

Pendant la Première Guerre mondiale, Berthold Mahn est dans un premier temps brancardier en première ligne avant, dans un second temps, d'entrer au service du Camouflage camouflage où il rencontre André Dunoyer de Segonzac[4]. « Les artistes camoufleurs se sont passionnés pour les travaux qui leur ont été confiés ; ils ont cherché sans cesse à perfectionner les techniques de dissimulation » restitue Cécile Coutin en s'appuyant sur les carnets de notes de Jean-Louis Forain, de Louis de Monard, d'André Mare, d'Henri Bouchard, ou encore les mémoires (non publiées) de Berthold Mahn, tous des documents « riches de réflexions passionnantes à ce sujet »[7]. En 1917, Berthold Mahn se trouve dans l'unité de Chantilly et lui-même évoque : « L'ensemble des ateliers sortait chaque jour au moins quatre kilomètres de ces rideaux de verdure artificielle. Leur principale fonction était de camoufler des routes sur lesquelles l'ennemi avait des vues directes. À leur abri, les troupes passaient, invisibles. Les toiles peintes, employées aussi à cet usage, servaient plutôt à recouvrir les tranchées, les abris, les canons, etc. Les camions arrivaient et repartaient sans arrêt, chargés par les prisonniers, et nos fabrications restaient toujours inférieures aux besoins du front qui étaient immenses »[8].


Du Vieux-Colombier à Chaumot (1920-1975)


Théâtre du Vieux-Colombier, Paris.
Théâtre du Vieux-Colombier, Paris.
Laghouat (Algérie).
Laghouat (Algérie).
Chaumot (Yonne).
Chaumot (Yonne).

De 1920 à 1924, il travaille au Théâtre du Vieux-Colombier, y exécutant des croquis de comédiens au travail : son recueil Souvenirs du Vieux-Colombier (55 dessins préfacés par Jules Romains), en 1926, en est l'aboutissement[9].

Si la biographie de Bethold Mahn se confond désormais pour l'essentiel avec sa production bibliophilique, plusieurs voyages n'en sont pas moins repérables : L'Algérie en 1926 dont témoigne le dessin Palmeraie à Laghouat conservé au Metropolitan Museum of Art[10] ; l'Alsace qu'en 1931, en compagnie de Georges Duhamel et dans la voiture de celui-ci, il traverse jusqu'à Strasbourg, exécutant une soixantaine de dessins pour les besoins du livre que les deux amis publieront la même année, L'Alsace - Entrevue, ou l'aveugle et le paralytique : le mot « aveugle » glissé dans le titre du livre, comprend l'universitaire américain L. Clark Keating, constitue l'aveu par l'écrivain de son incapacité à accompagner l'artiste dans sa perception immédiate de la beauté[11] ; la Grèce, toujours en compagnie de Georges Duhamel et en 1936, périple dont l'artiste se confie lui-même dans ses Lettres de voyages qui, à l'instar de ses croquis, enrichiront le livre de Georges Duhamel Homère au XXe siècle.

En 1939, Berthold Mahn acquiert aux Lorris, hameau dépendant du village de Chaumot (Yonne), une petite ferme où il établit sa résidence[5].

À la suite de l'invasion allemande de 1940, Berthold Mahn se réfugie dans le village de Boisséjour, dans le Puy-de-Dôme. C'est au cours des deux hivers qu'il y passe qu'il fait la connaissance et qu'il devient l'ami d'Henri Pourrat avec qui il parcourt et dessine alors l'Auvergne[12]. On retrouvera ces dessins, dont Roger Gardes écrira qu'« ils complètent harmonieusement le texte de Pourrat qui prend la forme d'une promenade amicale à travers l'Auvergne », dans Le Chemin des chèvres, publié chez Gallimard en 1947[13].

C'est dans les années 1950, observe Hélène Braeuner, qu'une évolution est perceptible chez Berthold Mahn dans le traitement du dessin : « les paysages des années 1950-1952 sont souvent traités à la façon d'une vue cavalière ancienne, avec une recherche évidente de l'effet panoramique. Les suivants constituent des tranches de nature beaucoup moins caractérisés. On y trouve aussi une synthèse beaucoup moins poussée, une plus grande recherche de l'atmosphère. Il ne s'agit plus de dessin pur mais, de plus en plus, de véritables tableaux avec plans et valeurs marqués par des lavis toujours étudiés »[14].

Mort en avril 1975[9], Berthold Mahn repose dans le cimetière de Chaumot.


Famille


Son fils, l'historien médiéviste Jean-Berthold Mahn, meurt au combat en 1944 à Castelforte, à l'âge de trente-deux ans[15].


Réception critique



Le dessinateur, l'iilustrateur


« Notre meilleur portraitiste depuis François Clouet. »

 André Dunoyer de Segonzac[9]

« À propos de ses dessins sur les paysages alsaciens, Berthold relève, en 1931, qu'il acquiert sur le sujet la synthèse de son art. Tourné vers la plaine ou arrêté dans ces magnifiques villages des premiers contreforts vosgiens, il dessine librement ce qu'il voit. Ebersmunster et la plaine d'Alsace déploie un paysage profond où l'horizon tarde à rejoindre le ciel avant de se confondre avec lui. Berthold Mahn note justement que ces paysages donnent toujours une idée de grandeur, que si petite que soit sa feuille de papier, il nous force à voir grand avec lui ; et cela vient non pas seulement de ce qu'il exprime aisément le déroulement des perspectives jusqu'au plus lointain horizon, mais de ce que ses pages sont toujours parfaitement composées et de ce qu'il distribue les êtres et les choses selon les plus heureuses proportions. »

 Hélène Braeuner[14]

« Les jumeaux de Vallangoujard ont été écrits par Georges Duhamel pour ses enfants, ses neveux et nièces. Tous passaient les vacances à Valmondois dans un vaste parc que Berthold Mahn a dessiné très précisément dans Les jumeaux de Vallangoujard : notamment en page 74, on peut voir le portique et la maison en contrebas, représentation fidèle de la maison de vacances de la famille Duhamel. Berthold Mahn s'est probablement amusé à croquer Georges Duhamel lui-même, avec ses lunettes et son crâne dégarni, pour représenter le docteur Clément, personnage qui peut être considéré comme le porte-parole de l'auteur. À l'humour du texte s'ajoute celui des illustrations, particulièrement perceptible par les familers de la maison de Valmondois et les enfants, malheureusement moins pour le lecteur anonyme. La collaboration entre Georges Duhamel et Berthold Mahn remonte à leur jeunesse, au temps de l'abbaye de Créteil, dans les années 1906-1908. Avant Les jumeaux de Vallangoujard, Berthold Mahn avait illustré plusieurs livres de Georges Duhamel, notamment la série des Salavin, création majeure de l'œuvre de l'écrivain. En demandant à Duhamel d'écrire un livre pour la jeunesse, Paul Hartmann ne semble pas avoir eu d'autres possibilités que de choisir Berthold Mahn pour illustrer le texte. Cette collaboration serait donc plus une histoire d'amitié que la marque d'une réelle modernité. »

 Mathilde Lévêque[16]


Le peintre


« Berthold Mahn procède par larges attouchements où les stries du pinceau indiquent, en quelque sorte, la direction de la lumière, l'axe du volume représenté. »

 Robert Rey[17]

« Maniée avec maîtrise, la matière n'étouffe pas l'âme, elle la protège et la fortifie. J'approuve Mahn quand il me dit : "Parachever, compléter, terminer mon ouvrage ! À force de persévérance attentive, à force d'adresse et de savoir, retrouver enfin, dans le tableau, les grâces impalpables de l'esquisse !" Tout le caractère de Mahn tient dans ce propos, dans cet effort. Si le mot d'impressionnisme veut encore dire ce qu'il dit, je dois reconnaître que Mahn est affranchi de l'impressionnisme. Peut-être même n'en fut-il jamais touché. Je le répète, il s'est développé hors des écoles et s'il fut jamais esclave de quelque chose, ce n'est pas des systèmes, mais plutôt de ses modèles »

 Georges Duhamel[18]

« Berthold Mahn ne cherche pas à attirer l'attention sur lui par des moyens factices ; il se contente de peindre, du mieux qu'il peut, ce qu'il a devant les yeux. Grâce à cette humilité, à cet oubli de soi, son art gagne une gravité et une solidité qui ont quelque chose de reposant. On sent que cette peinture est en dehors des modes. »

 François Fosca[19]

« On connaît beaucoup mieux les œuvres de l'illustrateur de nombreux ouvrages (entre autres ceux de Georges Duhamel et de Henri Béraud) que celles du portraitiste et surtout du paysagiste : des toiles solidement charpentées qui accusent une sensibilité très fine. »

 Gérald Schurr[20]


Postérité


Une rue de Chaumot et une rue de Créteil portent son nom.


Œuvre



Éditions de bibliophilie


Claude Aveline.
Claude Aveline.
Élémir Bourges, Le Crépuscule des dieux, édition enrichie de 37 lithographies de Berthold Mahn, 1937.
Élémir Bourges, Le Crépuscule des dieux, édition enrichie de 37 lithographies de Berthold Mahn, 1937.
Berthold Mahn, Portrait de Georges Duhamel, mai 1919.
Berthold Mahn, Portrait de Georges Duhamel, mai 1919.
Luc Durtain.
Luc Durtain.
Henri Pourrat.
Henri Pourrat.

Berthold Mahn estimait avoir illustré une centaine de livres[5] dont, par ordre alphabétique des auteurs :


Lithographies



Partition musicale



Écrits



Expositions



Expositions personnelles



Expositions collectives



Collections



Collections publiques



États-Unis

Musée-galerie Carnot (porte de Joigny), Villeneuve-sur-Yonne.
Musée-galerie Carnot (porte de Joigny), Villeneuve-sur-Yonne.

France


Collections privées



France


Suisse


Références


  1. On le donne souvent à tort comme étant né en 1893, probablement à cause de références bibliographiques non vérifiées. Par ex. dans RKDartists.
    Le 25 décembre 1881 est la date qui figure dans la notice d'autorité du catalogue général de la BnF.
    La notice d'autorité indique également Villeneuve-sur-Yonne comme lieux de naissance et de mort.
  2. Auroræ Libri, Berthold Mahn
  3. Les Amis de Georges Duhamel et de l'Abbaye de Créteil, Berthold Mahn
  4. Encyclopædia Universalis, « Berthold Mahn ».
  5. Jean-Luc Dauphin, « Berthold Man, biographie », site Homère-Illiade-Odyssée.
  6. Ville de Créteil, « Le centenaire de l'abbaye de Créteil », Carnet de voyages cristoliens, no 6, 2007
  7. Cécile Coutin, « Le camouflage pendant la Première Guerre mondiale, une arme qui trompe mais qui ne tue pas », Tromper l'ennemi - L'invention du camouflage moderne en 1914-1918, Éditions Pierre de Taillac / Ministère de la défense, 2012
  8. Nadine Laval, « Camoufleurs, les caméléons des tranchées », Picardia, l'encyclopédie picarde
  9. « Mort du peintre Berthold-Mahn », Le Monde, 5 avril 1975
  10. Metropolitan Museum of Art, Berthold Mahn dans les collections
  11. L. Clark Keating, Critic of civilization - Georges Duhamel and his writings, University of Kentucky Press, 1965, page 225
  12. Henri Pourrat, « Dans le haut pays avec Berthold Mahn », in L'Auvergne littéraire, p. 21-28, no 115, 1946.
  13. Roger Gardes, Centenaire Henri Pourrat - Henri Pourrat, sa vie et son œuvre, collection « Documents régionaux », Annales du Centre régional de documentation pédagogique de Clermont-Ferrand, 1987.
  14. Hélène Braeuner, Les peintres de l'Alsace autour de l'impressionnisme, La Renaissance du livre, 2003.
  15. Pierre Breillat, « Jean-Berthold Mahn », Bibliothèque de l'École des chartes, vol. 105, no 1, , p. 350-357 (lire en ligne).
  16. Martine Lévêque, Écrire pour la jeunesse en France et en Allemagne dans l'entre-deux-guerres, Presses universitaires de Rennes, 2011.
  17. Robert Rey, « Les salons de 1923 - La peinture », Art & Décoration, vol.XLIV, juillet-décembre 1923, pages 1-10.
  18. Georges Duhamel, « Berthold Mahn », Art & Décoration, janvier-juin 1926, tome XLIX, pages 161-168.
  19. François Fosca, « Chroniques - Berthold Mahn, Galerie Druet », L'Amour de l'art, n°4, avril 1929, p. 153.
  20. Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Éditions de l'Amateur, 1981, page 54.
  21. Jean-Luc Salvinien, « Berthold Mahn, incomparable illustrateur », L'Yonne républicaine, 24 juin 2015.
  22. Le nom de Berthold Mahn est cité sur le carton d'invitation au vernissage de l'exposition dont un exemplaire est conservé au Musée Carnavalet à Paris.
  23. Patrick-F. Barrer, L'Histoire du Salon d'automne de 1903 à nos jours, Arts et Images du Monde, 1992.
  24. « Les visages intimes de la mort », Le Monde, 5 avril 2002
  25. Bibliothèques et médiathèques de Metz, 119 gravures et estampes, présentation de l'exposition, 2012
  26. « Trois lieux pour (re)découvrir Jean-Richard Bloch et la villa Bloch », Centre Presse, le quotidien de la Vienne, 24 janvier 2019
  27. Bibliothèque nationale de France, Fonds Jacques-Copeau
  28. François Fosca, « Le Salon d'automne, 1928 », L'Amour de l'art, no 11, novembre 1928, p. 432.
  29. Fédération des sociétés d'amis des musées, Flashes, no 43, été 2012.
  30. Alain Quella-Villéger, « Patrimoine : Jean-Richard Bloch à La Mérigote », L'Actualité Poitou-Charentes, no 46, page 23
  31. Ader, Nordmann et Dominique, Berthold Mahn dans la collection Charles Despiau, no 25 et 26 du catalogue « Dessins et tableaux modernes », Hôtel Drouot, Paris, 8 avril 2016.
  32. Fondation Catherine-Gide, Portraits d'André Gide sur son lit de mort par Berthold Mahn.

Annexes



Bibliographie



Liens externes





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