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Eudaldo est un artiste peintre non figuratif français d'origine chilienne de la nouvelle École de Paris (1914-1987).

Eudaldo
Naissance

San Javier
Décès
(à 72 ans)
Perpignan
Nom de naissance
Eudaldo Morales
Nationalité
Française
Activité
Peintre
Mouvement
École de Paris
Signature

Biographie



Au Chili et en Amérique du Sud


Eudaldo Bernabe Morales Arellano naît deux ans après le peintre surréaliste Roberto Matta, dix ans après le poète Pablo Neruda, le , à San Javier de Loncomilla, petite ville du centre du Chili. À partir de 1945 il ne signe plus ses toiles que de son seul prénom, « Eudaldo ».

La Plaza de Armas à Santiago. Eudaldo y expose ses peintures en 1938.
La Plaza de Armas à Santiago. Eudaldo y expose ses peintures en 1938.

Eudaldo passe son enfance à Talca, commence très jeune à dessiner et peindre. À Santiago où il s'installe en 1935, il ne fréquente que quelques semaines l'École des Beaux-Arts, fuit le milieu bourgeois qu'il y croise, ne tarde pas à rencontrer des complices dans les milieux anticonformistes de la capitale. C'est avec un groupe d'écrivains et de musiciens d'avant-garde qu'il réalise en 1938 sa première exposition, en plein air, sur la Plaza de Armas, l'une des principales promenades de la ville[1]. Dès cette époque se fait jour en lui un double désir qui ne cessera de se renforcer. Celui d'aller directement vers le public, de faire de la peinture une fête largement ouverte et non une cérémonie de nantis initiés, de rompre les liens malsains de la culture et de l'argent. Simultanément ce n'est pas hasard si Eudaldo évoque, dans ses réponses aux questions que lui posent en cette occasion les journalistes, le nom de Rivera, l'un des symboles d'une volonté de ressourcement des peintres sud-américains à l'héritage des cultures précolombiennes.

Trois autres expositions suivront à Santiago où sa peinture est d'emblée bien reçue. Eudaldo, qui analyse sans complaisance la situation de l'art au Chili, va cependant quitter en 1940 la capitale. Comme l'écrira plus tard un critique vénézuélien, il va « marcher sa vie »[2], sillonnant les terres du continent, travaillant et exposant en des lieux culturels chaque fois publics. C'est une sorte de retraite qu'il accomplit alors, un pèlerinage aux multiples sources de l'Amérique, toujours vivaces dans les tissages et les poteries, les constructions et les outils d'une vie quotidienne imprégnée du souci des volumes, des formes et des couleurs.

Les Andes entre Santiago et Mendoza. Ces paysages resurgiront sous une forme non figurative dans les peintures d'Eudaldo sur la fin des années 1970.
Les Andes entre Santiago et Mendoza. Ces paysages resurgiront sous une forme non figurative dans les peintures d'Eudaldo sur la fin des années 1970.

Eudaldo passe d'abord près de trois ans en Argentine, déborde sur l'Uruguay et le Brésil. À Buenos Aires il présente dès une exposition puis, plus au nord, il réalise en 1942 à Cordoba trois fresques monumentales sur des thèmes sociaux, avant de traverser en 1943 la Bolivie. Il s'arrête ensuite longuement au Pérou, à Lima, s'y marie à une institutrice, Luisa Marchena. Installés rue Lucanas, 354, ils auront trois enfants, leur fils aîné en qui portera également le prénom d'Eudaldo, puis en Domingo et Delia Soledad en .

À Lima Eudaldo réalise deux expositions en 1944 et 1945[3]. Il présente la même année ses peintures en 1945 à Quito[4] en Équateur, en Colombie à Bogota[5], à Carthagène, en 1946 au Venezuela, à Caracas[6] puis, après un détour par Curaçao et l'Amérique centrale, de nouveau en Colombie à Barranquilla[7]. Partout la presse le salue comme l'un des espoirs de l'avant-garde du continent sud-américain : « l'un des peintres les plus capables et les plus intéressants du Pacifique ». En 1946 Eudaldo prépare à Lima l'exposition[8] qui marque l'année suivante son retour à Santiago après un périple de sept ans sur plus de 12 000 kilomètres au long de la cordillère des Andes.

Santiago n'est cependant pour Eudaldo qu'une étape. Après quelques mois il retrouve l'Argentine, les milieux artistiques de Buenos Aires où il croise Che Guevara[9] - qui n'a que vingt ans -, puis la Bolivie[10] et Lima[11], réalisant à mesure un nouveau cycle d'expositions. Mais, depuis quelque temps, il souhaite aller à Paris. S'il se refuse à seulement en « recevoir », comme il l'a dit, ce qui s'y fait, sans doute a-t-il l'espoir de s'y placer, comme bien d'autres peintres venus des horizons les plus divers, à la source même de la créativité picturale, non sans la colorer de ses propres origines.

Les peintres Picasso à gauche, Pierre Brune au centre et Eudaldo, au second plan à droite, avec Consuelo Araoz à ses côtés, Céret dans les années 1950
Les peintres Picasso à gauche, Pierre Brune au centre et Eudaldo, au second plan à droite, avec Consuelo Araoz à ses côtés, Céret dans les années 1950
Consuelo Araoz en 1969
Consuelo Araoz en 1969
La maison où travaille durant l'été Eudaldo à La Roche d'Alba-la-Romaine (Ardèche) de 1950 à 1970.
La maison où travaille durant l'été Eudaldo à La Roche d'Alba-la-Romaine (Ardèche) de 1950 à 1970.
La Roche d'Alba-la-Romaine. La maison-atelier d'Eudaldo est la dernière en haut à gauche.
La Roche d'Alba-la-Romaine. La maison-atelier d'Eudaldo est la dernière en haut à gauche.
Eudaldo quittant la maison de Delacroix en 1985
Eudaldo quittant la maison de Delacroix en 1985
Maison natale d'Eugène Delacroix, actuelle bibliothèque de Saint-Maurice (Val-de-Marne), dont Eudaldo habite, avant sa restauration, la partie gauche de 1977 à 1985.
Maison natale d'Eugène Delacroix, actuelle bibliothèque de Saint-Maurice (Val-de-Marne), dont Eudaldo habite, avant sa restauration, la partie gauche de 1977 à 1985.
Les peintres Music, Manessier et Eudaldo, début des années 1960.
Les peintres Music, Manessier et Eudaldo, début des années 1960.
Eudaldo en 1969 à Cléry-Saint-André.
Eudaldo en 1969 à Cléry-Saint-André.

Paris


Eudaldo s'embarque donc pour la France, avec sa nouvelle compagne Consuelo Araoz, en septembre 1949, en passant par Cuba. À Paris il fait rapidement la connaissance de Ginés Parra[12] et des peintres espagnols avec qui il a exposé, Picasso, Óscar Domínguez, Bores, Clavé, Pelayo. Simultanément il se lie avec Jean Le Moal et Alfred Manessier, Elvire Jan, découvrant la démarche nouvelle que leur non figuration invente à l'art moderne. S'installant dès 1950 durant l'été à Alba-la-Romaine que lui a fait connaître Parra[13], en Ardèche, où il accueille en 1951 Le Moal et sa femme Juana Muller, il y rencontre notamment le graveur Stanley Hayter, les peintres Theodore Appleby et Alejandro Obregón, les sculpteurs Honorio García Condoy et Étienne Hajdu.

Dès 1951 Eudaldo expose à Paris[14] et en province. Au-delà de la peinture Eudaldo travaille à partir de 1960 la gravure et en 1964 une tapisserie est réalisée d'après l'une de ses œuvres par l'atelier Plasse Le Caisne qui ont déjà tissé des œuvres de Le Moal, Manessier, Édouard Pignon, Rouault, Gustave Singier et Léon Zack. Expulsé de son appartement du 67 boulevard de Vaugirard lors de la construction de la nouvelle gare Montparnasse, il s'installe en 1964 à Saint-Maurice, dans la banlieue parisienne. Il est voisin et ami avec le sculpteur Willy Anthoons qui a son atelier à proximité. Restaurant une vieille ferme à Cléry-Saint-André à partir de 1966, il quitte sa maison d'Alba en 1970.

Eudaldo participe dans les années suivantes aux expositions organisées en France pour dénoncer la dictature du général Pinochet. De 1977 à 1985 il est relogé à Saint-Maurice dans la maison natale d'Eugène Delacroix. Après une dernière exposition en 1986 à Céret, où il travaille durant l'été depuis 1970, Eudaldo meurt le à Perpignan. Il repose à Palalda.


L'œuvre


Eudaldo, dans sa première époque jusqu'en 1949 de « peintre du Pacifique », ne tente pas de transcrire de façon réaliste les multiples paysages qu'il rencontre. Ce sont des personnages, masculins ou féminins, de jeunes couples anonymes aux visages absorbés, aux silhouettes graciles, qui sont au centre de sa peinture, écuyère ou acrobate parfois. Un critique qualifie de « surréalisme transparent »[15] le monde irréel dans lequel ils apparaissent parmi arbres et fleurs, étoiles de mer, coqs et chiens, lamas ou chevaux. « Une atmosphère d'avant la chute », résume un autre, qui évoque le monde simple et humoristique des Primitifs. Sans que le peintre ait besoin de leur faire crier leur présence en d'improbables rencontres, choses et êtres sont, dans un climat féerique, rendues au mystérieux silence de leurs pures apparences.

Découvrant à Paris, en une deuxième étape, l'approche non figurative, Eudaldo n'en adopte pas d'emblée le langage. C'est à travers un mûrissement de plusieurs années qu'il va y introduire son dialecte personnel. Ses peintures, en un climat plus directement surréalisant, évoluent d'abord dans le sens d'une stylisation formelle de plus en plus poussée, opposant de larges surfaces de couleurs contrastées. Sur cet élan la ligne, dès 1951, s'ouvre en de purs angles lumineux, ne retient plus davantage les silhouettes des objets. Le trait bientôt se ramifie, la couleur se diversifie. En 1954 ce sont comme les bribes d'une énigmatique calligraphie qui parsèment ses toiles. L'année suivante les gris et les roses ou les verts tendres qu'articule Eudaldo en des filets plus obscurs ou rougeoyants se révèlent curieusement parents, dans l'illimitation de l'espace, des éblouissements instantanés qu'allait peindre Bissière.

Déjà commence, en une troisième étape, de se renforcer la structure de ses toiles. En 1956 dans de larges compositions puissamment bâties le trait qui ponctuait les limites de la couleur se densifie. De l'espace coloré monte, dressé comme signal, un graphisme hiératique, acéré ou étoilé, aéré de fenêtres de bleus, rouges ou jaunes intenses. Comme, chaque fois différemment, les toiles des peintres d'autres continents, arrivés sensiblement vers la même époque à Paris, réfractent leur culture originelle, chinoise ou maghrébine, de Zao Wou-Ki à Ahmed Cherkaoui ou Mohammed Khadda, c'est loin des Andes la part en lui de l'Indien qu'Eudaldo libère dans sa peinture à Paris. Ces emblèmes totémiques ne tardent cependant pas à s'assouplir, à se dénouer en rythmes dynamiques qui les orientent en élans, tourbillons et éclats, pulvérisant les taches de couleur qui leur assuraient leur équilibre. À partir de 1960 ce sont d'amples portées qui traversent, en ondes ou fuseaux, ses toiles. Un nouvel équilibre s'établit dès lors entre les transparences de la couleur et les fines articulations du dessin, courant elliptiquement de plage en plage.

À partir de 1967 les compositions désormais fluides d'Eudaldo évoquent plus distinctement la présence diffuse du monde naturel, minéral et végétal. Sa peinture se fait par la suite de plus en plus lumineuse. Au milieu des gris qui sont pour lui le levant de toutes les couleurs, les ocres éveillent des vagues de terres et de roches, quelques accents d'émeraude et de rouille font frémir arbres et broussailles. Aux ardoises succèdent les basaltes, aux rocailles austères de verdoyantes vallées. Dans les deux décennies suivantes les terres immenses qui lui ont été familières, la roche de la Cordillère, les nuages, les sables gris du Pacifique sous-tendent l'imaginaire géographie que ses toiles ne cessent d'explorer, lui assurant dans le mouvement non figuratif sa place unique, insolite, de peintre américain de la nouvelle École de Paris. Pour les titrer Eudaldo forge de nouveaux mots à consonances sud-américaines, noms possibles de villes, montagnes ou fleuves, continuant ainsi jusqu'à sa mort son voyage parmi les nouvelles Andes que lui ouvre la peinture.


Jugement


Eudaldo et Georges-Emmanuel Clancier en 1987 à Paris
Eudaldo et Georges-Emmanuel Clancier en 1987 à Paris

« Ce monde naît du regard que le peintre sait poser sur des fragments très variables de l’espace – aussi bien proche que lointain, terrestre que céleste, marin que sylvestre – pour créer un autre espace dorénavant marqué de son rythme, de son écriture, de son chant. Le double signe du trait et de la tache énonce avec force, avec bonheur aussi, dans l’œuvre d’Eudaldo, l’analogie poétique et intemporelle d’un moment éphémère de l’univers. Architecture et chorégraphie des formes et des couleurs – les unes et les autres rigoureusement limitées à l’intérieur d’une même toile – aboutissent à une œuvre toute de plénitude et d’élan. Il convient de la reconnaître enfin comme l’une des plus belles de ce temps. »

Georges-Emmanuel Clancier, Eudaldo, Céret, 1986

Notes et références


  1. « Bombe contre les académiques » titre un article qui précise que 5 000 personnes ont pu voir ses peintures.
  2. Guillermo Meneses dans un journal de Caracas en 1946.
  3. à l'Instituto Musical Bach en 1944 puis à l'Instituto Cultural Peruano-norteamericano en 1945
  4. Teatro Sucre, aout 1945
  5. Ministerio de Educacion Nacional, septembre 1945
  6. au Centro Venezolano-americano en janvier 1946 et à l'Asociacion de Escritores venezolanos en février
  7. à la Biblioteca del Atlantico en août 1946
  8. Ministerio de Educacion en septembre 1947. Victor Carvacho Herrera lui consacre un article dans Las ultimas noticias du .
  9. Jean-Pierre Simon, Eudaldo, Centre international d'art contemporain, Paris, 1975
  10. Ministerio de Educacion, La Paz, en décembre 1947.
  11. en septembre 1948. Eudaldo expose également des céramiques à la Galeria de Lima
  12. Parra considèrera Eudaldo comme l'un de ses meilleurs amis et c'est Eudaldo qui préparera sa tombe à Saint-Thomé en Ardèche (Antonio Bujalance Cubillo, Ginés Parra : un nombre para la historia, dans la revue Axarquia, no 3, Almeria, 1998, p. 100)
  13. , il participe en septembre 1950 à la Première manifestation d'art à Alba
  14. Galerie l'Art pictural, dans le quartier de Montparnasse, en mars et avril 1951.
  15. Daniel Arango, en septembre 1945, dans un journal colombien.

Principales expositions


7 rue Jean-Ferrandi où Eudaldo travaillait dans l'un des ateliers (transformés depuis)
7 rue Jean-Ferrandi où Eudaldo travaillait dans l'un des ateliers (transformés depuis)
Eudaldo dans son atelier, 7 rue Jean-Ferrandi, dans les années 1950
Eudaldo dans son atelier, 7 rue Jean-Ferrandi, dans les années 1950

Musées


Allegrias I, c. 1960, huile sur toile, 110 × 110 cm
Sans titre, c. 1972, huile sur toile, 73,5 × 100,5 cm
Desarticulado, 1973, huile sur toile, 80 × 120 cm
Sans titre, c. 1974, huile sur toile, 90 × 116,8 cm
Sans titre, c. 1984, huile sur toile, 134 × 186 cm
Nuit bleue, 1985, huile sur toile, 61 × 101 cm

Éléments de bibliographie


Première signature d'Eudaldo, 1945-1954
Première signature d'Eudaldo, 1945-1954
Deuxième signature d'Eudaldo, 1955-1965
Deuxième signature d'Eudaldo, 1955-1965
Denière signature d'Eudaldo, 1966-1987
Denière signature d'Eudaldo, 1966-1987

(Tous les articles et ouvrages suivants ont servi à la rédaction de l'article.)


Filmographie



Articles connexes



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