Il appartient à l'École de Paris et au mouvement de la Jeune peinture.
Biographie
Roger Lersy naît dans le 18e arrondissement de Paris le [1].
Étudiant le piano dès sa plus tendre enfance, de même «commençant à dessiner sur les genoux de son père»[2], Roger Lersy, fils de décorateur, entre après sa scolarité et pour une durée de trois ans à l'École supérieure des arts appliqués Duperré à Paris. Ayant alors commencé à peindre, installé au 19, rue du Faubourg-Saint-Antoine[3], il exerce ensuite le métier de décorateur, poursuivant toutefois entre 1950 et 1954 des études musicales supérieures avec Noël Gallon[4], continuant après 1954 —année où les galeries, tant à Paris qu'à l'étranger, commencent à l'exposer régulièrement—, à pratiquer de pair la peinture (toiles, aquarelles, cartons de tapisseries) et la musique[Note 1].
De 1961 à 1968, Roger Lersy vit aux États-Unis. À compter de 1970 il enchaîne les expositions personnelles, entre autres à Paris, Londres, Genève, Houston, Los Angeles et New-York[5]. Roger Lersy est initié aux premier degré de la franc-maçonnerie au Rite écossais ancien et accepté en 1979, dans la loge Grand Val[6], se réunissant à l'époque au Perreux-sur-Marne, Orient de Sucy-en-Brie (plus tard Orient de Créteil, Val-de-Marne) de la Grande Loge de France, dont l'acteur Jean Franval fut un temps le grand inspecteur provincial.
Menant de front deux carrières, Roger Lersy a laissé des tableaux qui sont vus tout «de rythmes et de frémissements […] Dans ses toiles, le motif se développe selon une ligne mélancolique aux accords, aux pauses et aux cadences bien concertés. On pourrait définir Lersy comme un expressionniste baroque»[7]. Pour Bernard Dorival, Roger Lersy se situe avec Gabriel Dauchot, Jean Commère et Raymond Guerrier parmi «les champions les plus remarqués de cet expressionnisme qui s'inscrit dans la suite du misérabilisme de Bernard Buffet»[8].
Parts moins connues de Roger Lersy, il s'intéressa également à la mosaïque, à la sculpture, au vitrail et entreprit des créations pour des édifices publics (mairies, collèges, etc.), privés (entreprises) et cultuels[4].
Roger Lersy n'appartient pas au musicalisme en peinture au sens où le mot «musicalisme»[Note 2] renvoie historiquement à un groupe de peintres constitué autour d'Henri Valensi à partir de 1932. Mais si l'on admet avec Raymond Bayer dans sa Revue d'esthétique que «le musicalisme n'est pas une école mais une doctrine de l'art, un ensemble de connaissances constituant un système», le terme peut alors, par extension, être rapproché de Roger Lersy chez qui musique et effets esthétiques (ses arabesques et traits hachurés d'une «incroyable virtuosité» pour l'un[5], ses fonds de stries toujours d'une «spectaculaire virtuosité» pour l'autre[9]), demeurent en lien permanent.
Le fils de Roger Lersy, François Lyres[10], est également dessinateur, peintre et musicien.
«Bruits, cris, mouvements et gestes, souvenirs imprécis d'émotions qui se chevauchent. Alors d'imprévisibles conflits naît une nouvelle figuration du monde tyrannique que je subis et l'objet contaminé voit éclater sa forme et projeter ses couleurs au-delà de ses limites réelles[11].»
«Quand je travaille, c'est l'instinct qui me guide. Je surveille ma main, je la vois s'agiter. Je lui demande de s'arrêter, lorsque les formes et les couleurs sont devenues ombres et lumière pour chanter la vie. Hélas, quelques fois, elles chantent faux. Mais après tout, la vie ne chante pas toujours juste[12].»
«La musique est pour moi le prolongement de la peinture qui devient le prolongement de la musique[4].»
Réception critique
«Il voit musicalement car les formes sont, pour lui, des thèmes dont il cherche les variations comme le fait un compositeur. Il distingue deux sortes de variations: celles qui lui sont inspirées par la vue des objets en mouvement et celles qu'il invente. Une forme en mouvement est modifiée par son mouvement, mais elle modifie aussi ce qui l'entoure. D'autre part, un objet, mobile ou immobile, suggère souvent l'idée d'une autre forme que la sienne. La forme d'un ballon de rugby, par exemple, se communique aux joueurs de rugby eux-mêmes et au fond sur lequel ils évoluent. La peinture de Lersy, grise au début, est devenue plus colorée. Les lignes se sont épaissies et forment maintenant une sorte de toile d'araignée qui tantôt épouse la forme des objets, tantôt l'entoure et l'amplifie, tantôt la pénètre.» - Yvon Taillandier[2]
«Une œuvre de rythmes et de frémissements chez cet artiste qui mène de front les carrières de peintre et de musicien. Dans ses toiles, le motif se développe selon une ligne mélancolique aux accords, aux pauses et aux cadences bien concertés.» - Gérald Schurr[13]
«Dessinateur talentueux, Roger Lersy témoigne également d'une parfaite maîtrise des règles de la composition. Ses paysages, ses intérieurs de bistrots ou de cuisines et ses natures mortes, réalisés avec une grande économie de moyens, dans une palette de tons assourdis, traduisent l'ambiance d'une époque encore lourde de périls. Comme les autres chantres du misérabilisme, le peintre s'exprime essentiellement par le trait.» - Éric Mercier[14]
Œuvre
Roger Lersy appartient à l'École de Paris[9] et au mouvement de la Jeune peinture[15].
Œuvres picturales (sélection)
Réveillon, tapisserie de la Manufacture des Gobelins, Mission permanente de la France auprès des Nations unies, One Dag Hammarskjöld Plaza, New York.
Venise, les ponts, aquarelle, 1963 (thème de l'exposition Roger Lersy, Chicago).
Le pavot, lithographie originale, Imprimerie Bellini, 1978, collection du Cabinet des estampes, BNF[16].
Nature morte au guéridon, huile sur toile, mairie de Jonzac.
Lohengrin, huile sur toile, cour administrative d'appel de Versailles.
André Flament, L'événement par soixante peintres - Édition des peintres témoins de leur temps à l'occasion de leur XIIe exposition au Musée Galliera, enrichi de vingt lithographies originales éditées par Fernand Mourlot et signées, dont Yvette Alde, Roger Bezombes, Yves Brayer, Jean Carzou, Michel Ciry, Jean Commère, François Desnoyer, Roger Lersy, Kostia Terechkovitch, Gabriel Zendel…, Éditions du Musée Galliera, 1963.
Œuvres musicales (sélection)
Vitraux pour clarinette, saxophone, violoncelle et percussions, création en l'église de Longlaville, 1972.
Trois pièces pour deux ondes Martenot: 1. Écume de songe, 2. Épouvante et jubilation, 3. Malicieuse connivence, [19], partitions aux Éditions A. Leduc, Paris, 1979.
Œuvre pour trompette et piano, partition aux Éditions G. Billaudot, Paris, 1984[20].
Cinq pièces pour piano, partitions aux Éditions G. Billaudot, Paris, 1989.
Cinq préludes pour piano et saxophone alto, partitions aux Éditions Combre, création aux Flâneries musicales de Reims, 1993[21],[22].
A la mémoire de Chagall, pièce pour flûte et percussions, enregistrement du Duo Hyksos (Henri Tournier, flûte et Michel Gastaud, percussions) en 1995[23].
Préface en noir et jaune pour cor et piano, partition aux Éditions Combre, collection Arc-en-ciel, 2000.
Musiques de film
Diatomées[Note 3],[24], film de Jean Painlevé et Geneviève Hamon, Musique de Pierre Angles et Roger Lersy, Durée 17 min, 1974[25].
Le dictionnaire de Jean-Pierre Delarge qui indique par erreur que Roger Lersy cessa ses activités musicales en 1954. Il ne met alors fin qu'à l'étude, la pratique et la composition l'accompagnant toute sa vie.
On utilise aussi pour le musicalisme le terme synonyme d'« effusionnisme ».
Projeté lors de la rétrospective des films de Jean Painlevé, septembre 2011, Jardin des Plantes (Muséum national d'histoire naturelle, auditorium de la Grande galerie de l'Évolution).
Le thème du Salon de 1957 étant Le sport, Roger Lersy y présenta une toile intitulée Les 24 heures du Mans.
Le thème du Salon de 1961 étant Les richesses de la France, Roger Lersy y présenta une toile intitulée Le Pont de Tancarville.
Le thème du Salon de 1963 étant L'évènement: XIIe Salon, André Flament composa un ouvrage L'évènement par soixante peintres - Édition des peintres témoins de leur temps à l'occasion de leur XIIe exposition au Musée Galliera enrichi de vingt lithographies originales éditées par Fernand Mourlot et signées dont Yvette Alde, Roger Bezombes, Yves Brayer, Jean Carzou, Michel Ciry, Jean Commère, François Desnoyer, Roger Lersy, Kostia Terechkovitch, Gabriel Zendel..., Éditions du Musée Galliera, 1963.
Cette première exposition du livre L'Apocalypse sera suivie de 146 autres à travers le monde de 1961 à 1972.
Didier Blancho, Roger Lersy, Edgar Cosma, Valery Arzoumanov, Michel Aatz, Troisième recueil d'œuvres pour trompette et piano, Éditions G. Billaudot, 1984.
Enregistrés par le Duo Portejoie Lagarde (Philippe Portejoie et Frédérique Lagarde), Sylvie Hue, Fusako Kondo, CD Believe/Corelia, septembre 2009, album titré Dédicaces pour saxophone et piano, titres 15 à 19 pour les œuvres de Roger Lersy.
Édité en DVD, Science is fiction: 23 films by Jean Painlevé, Éditions vidéos Irvington, Criterion collection, New-York, 2009.
Archives Jean Painlevé, les Documents cinématographiques, Paris.
Parcours de la Galerie Drouant-David et du marchand de tableaux Emmanuel David. Plusieurs noms d'artistes sont hélas mal orthographiés, dont ceux de Lersy, Rebeyrolle et Calmettes.
Éric Mercier, Années 50 - La Jeune Peinture, tome II: Panorama de la Jeune Peinture, ArtAcatos, 2010, pp.244-248.
Pierre Basset, «Roger Lersy - L'espace griffé, 1951-1955», Côté Arts, 15 mars 2003.
Henri Régnier, «Lersy et ses natures mortes», Var Matin, 9 avril 2003.
Bernard Demandolx, «Roger Lersy, la griffe du talent», Nice Matin, 11 mai 2003.
Waldemar George, De Ingres à nos jours - Corps et visages féminins, Éditions d'Art et d'industrie, 1955.
Yvon Taillandier, «La peinture de Lersy», Connaissance des arts, no63, mai 1957, p.93
Jean-Paul Crespelle, « Roger Lersy », Les Peintres Témoins de leur Temps, Achille Weber/Hachette, 1957, pp.158-159.
Bernard Dorival, Les peintres du vingtième siècle du cubisme à l'abstraction, 1914-1957, Éditions Pierre Tisné, Paris, 1957.
Aspects of the School of Paris: Duilio Barnabé, Philippe Cara Costea, Antoni Clavé, Roger Lersy, International Galeries, Chicago, 1960.
Raymond Nacenta, School of Paris - The painters and the artistic climate of Paris since 1910, Oldbourne Press, Paris, 1960.
Pierre Dumayet, « Roger Lersy », Les Peintres Témoins de leur Temps, Achille Weber/Hachette, 1961, pp.177-178 (en page 177, portrait de Roger Lersy dessiné par Luc Simon).
Routes et chemins avec Jean Giono et cinquante-six peintres témoins de leur temps (préface de Jean Giono), 56 illustrations par 56 artistes dont Roger Lersy, tirage de 2 000 exemplaires, Presses artistiques de France, 1961.
Jean Giono, Jean Guitton, Emil Cioran, Daniel-Rops, Ernst Jünger, Jean Rostand, Michel Ciry et Roger Lersy, Catalogue L'Apocalypse, d'après le livre unique d'un poids de 210 kg imaginé et réalisé de 1958 à 1961, Éditions Joseph Forêt, 1961.
Roger Lersy, 2 catalogues d'expositions, International Galeries, Chicago, 1962 et 1963 (voir rubrique Expositions personnelles ci-dessus).
Roger Lersy, Collection Peintres contemporains, Mazenod, Paris, 1964.
Hervé Baley, Georges Borgeaud et Philippe Caloni, Roger Lersy, Bestiaire!, Édition d'art et d'industrie, 1968.
Patrick d'Elme, Seul un poète aurait pu dire... dans Galerie des Arts, .
Pierre Lévy, Des artistes et un collectionneur, Flammarion, 1976.
Françoise Woimant, Marie-Cécile Miessner et Anne Mœglin-Delcroix, De Bonnard à Baselitz - Estampes et livres d'artistes, BNF, 1992.
Lydia Harambourg, L'École de Paris, 1945-1965, Dictionnaire des peintres, Ides et Calendes, 1993.
Gérald Schurr, Le Guidargus de la peinture, Les Éditions de l'Amateur, 1993, 1996.
Emmanuel Bénézit, Dictionnaire des peintres, sculpteurs, dessinateurs et graveurs, Gründ, 1999.
Jean-Pierre Delarge, Dictionnaire des arts plastiques modernes et contemporains, Gründ, 2001.
Les carnets d'atelier de Roger Lersy, peintre et compositeur, Éditions mémoire vivante, Paris, 2000.
Thomas Bloch, Les ondes Martenot, Naxos, 2004.
« La nouvelle vague, la jeune peinture », La Gazette de l'Hôtel Drouot, no14, , p.180.
Pierre Basset, Les insoumis de l'art moderne, la Jeune Peinture, Paris, 1948-1958, Éditions Un certain regard, 2009.
Philippe Latourelle et Pierre Basset, La réalité retrouvée, la Jeune Peinture, 1948-1958, Éditions Présence Van Gogh, 2010.
Éric Mercier, Années 50 - la Jeune Peinture, tome I: L'alternative figurative; tome II: Panorama de la Jeune Peinture, Éditions ArtAcatos, 2010.
R. S. Johnson, École de Paris: School of Paris revisited, Fine Art, Chicago, 2013.
Sarah Wilson, Pierre Basset, Julien Roumette et Florence Condamine, Les insoumis de l'art moderne - Paris, les années 50, éditions du Musée Mendjisky - Écoles de Paris, 2016 (consulter en ligne).
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