Après un premier apprentissage à Montauban, sa ville natale, il devient à Paris élève de Jacques-Louis David. Gagnant du Prix de Rome en 1801, il se rend en Italie en 1806 et y reste jusqu'en 1824. À son retour à Paris, il connaît une reconnaissance officielle, apparaissant comme le champion de la doctrine du beau et de la primauté du dessin sur la couleur, en opposition successive aux courants romantiques et réalistes. Nommé directeur de l'Académie de France à Rome, il y retourne de 1835 à 1842.
Ingres a d'abord et à plusieurs étapes de sa carrière vécu de ses portraits, peints ou dessinés. Réputé peu sociable, il fut souvent mal traité par la critique. Les tenants d'un style plus libre et d'une exécution plus rapide condamnaient sa manière tout comme les académiques, qui lui reprochaient notamment les déformations expressives qu'il faisait subir aux corps dans ses nus.
Biographie
Enfance et formation
Jean-Auguste-Dominique Ingres est né à Montauban le [2]. Son père, le peintre et sculpteur Jean-Marie-Joseph Ingres, a favorisé ses penchants artistiques. Il entre en 1791 à l’Académie de Toulouse où il est formé par Jean Suau, puis se rend à Paris, en 1796, pour étudier sous la direction de Jacques-Louis David. Il s’éloigne de son néo-classicisme par son dévouement à un idéal de beauté fondé sur de difficiles harmonies de lignes et de couleurs. Il peint le portrait d'amis ainsi que de Pierre-François Bernier, qu'il connaît de Montauban. Deuxième finaliste du prix de Rome en 1800 grâce à son œuvre Antiochus envoie à Scipion malade son fils fait prisonnier, Ingres remporte le prix de Rome en peinture d'histoire à sa seconde tentative en 1801 avec Les Ambassadeurs d'Agamemnon, mais il ne peut s'y rendre immédiatement, faute d’argent. Il s'installe avec d'autres élèves de David à l'ancien couvent des Capucines où il peint principalement des portraits, entre autres celui de son père, aujourd'hui au Musée Ingres[3].
Premier séjour à Rome
Portrait en médaillon de Julie Forestier, 1806, dessiné par son fiancéMadeleine Chapelle enceinte, 1814 Musée Ingres-Bourdelle
En , il se fiance avec l'artiste peintre française Marie-Anne-Julie Forestier, mais sa relation ne résiste pas à son absence après son départ pour Rome en septembre.
En 1806, Ingres découvre à Rome, Raphaël et le Quattrocento, qui marquent définitivement son style. Ces années de travail sont les plus fécondes avec les nus, parmi lesquels La Baigneuse, les paysages, les dessins, les portraits et les compositions historiques. Il est en pleine possession de son art et son séjour à Rome est aussi l'occasion de tisser des liens amicaux avec les grands commis de l'administration impériale: le comte de Tournon et sa mère, Edme Bochet et sa sœur Cécile Bochet madame Henry Panckoucke, Hippolyte-François Devillers, le baron de Montbreton de Norvins. En France, cependant, ses toiles peintes en Italie ne plaisent pas. L’artiste décide alors de rester à Rome. Il se marie en 1813 avec Madeleine Chapelle (1782-1849), une jeune modiste habitant Guéret[4]. En 1814, Madeleine tombe enceinte mais l'enfant, un garçon, meurt à la naissance. Au total, Ingres réalisa dix portraits de sa femme. Mais le plus célèbre tableau sur lequel elle apparait est Le Bain turc. Madeleine pose pour l'odalisque aux bras levés qui s'étire au premier plan. Le tableau a été réalisé en 1862, après la mort de Madeleine. Elle fut peinte d'après un croquis qu'Ingres avait réalisé en 1818. En 1850, il va à Châlons chez sa belle-mère pour connaître les lieux où sa femme a vécu, et y rencontre le notaire Louis Changy. Il semble y être retourné l'année suivante[5].
À la chute de Napoléon Ier, des difficultés économiques et familiales l’entraînent dans une période financièrement difficile pendant laquelle il peint, avec acharnement, tout ce qu’on lui commande. Il sollicite ses amitiés romaines et ses bonnes relations avec les Panckoucke et les Bochet lui présentent Charles Marcotte d'Argenteuil, ami de Jacques-Édouard Gatteaux, ami proche d'Ingres. Très vite, Charles Marcotte d'Argenteuil devient un proche du peintre, jusqu'à devenir un de ses principaux mécènes jusqu'à son décès en 1864. Après la mort de Madeleine, ce dernier ira même jusqu'à lui présenter sa nièce, Delphine Ramel, qu'Ingres épousera le . De ce mariage, viendra la décision d'acheter la maison de Meung-sur-Loire avec son nouveau beau-frère, Jean-François Guille, notaire et conseiller général du Loiret, où il se retirera tous les étés pour bénéficier de la douceur et de la lumière de la Loire.
Nombre de membres de la famille Marcotte seront de fidèles acheteurs, comme Philippe Marcotte de Quivières et ses frères Marcotte de Sainte-Marie et Marcotte de Genlis, le baron Charles Athanase Walckenaer, Alexandre Legentil et le baron Hubert Rohault de Fleury (tous deux initiateurs du projet de la basilique du Sacré-Cœur de Montmartre), Cécile Bochet, devenue madame Henry Panckoucke et baronne Morande-Forgeot, et le clan Ramel.
En 1820, il quitte Rome pour Florence où il réside jusqu'en 1824[6].
Reconnaissance officielle
Il trouve finalement le succès en France avec son Vœu de Louis XIII exposé au Salon de 1824, destiné à la cathédrale de Montauban. Il devient directeur de l’Académie de France à Rome de 1835 à 1840. Appelé, le , à faire partie du Sénat impérial, il y vota jusqu'à sa mort conformément aux vœux du pouvoir[7]. Il avait été élevé au grade de grand officier de la Légion d'honneur le [8].
Le Bain turc (1862), huile sur toile, 108 × 110 cm, Paris, musée du Louvre.
Ingres attache au dessin une grande importance et déclarait à ce sujet: «Une chose bien dessinée est toujours assez bien peinte[9].» La galerie de portraits réalistes qu’il laisse, constitue un miroir de la société bourgeoise de son temps, de l’esprit et des mœurs d’une classe à laquelle il appartient et dont il trace les vertus et les limites. Ingres s’intéresse beaucoup à la texture des vêtements et des étoffes (velours, soie, satin, cachemire…) qu’il intègre dans ses œuvres afin de noter la classe sociale du personnage. Il s’inspire, à ses débuts, de l'esthétique de l’art grec, avant de se tourner vers une approche plus souple des courbes et des drapés. Ingres n'hésitait pas à accentuer l'anatomie de ses modèles pour atteindre son idéal de beauté; ainsi, il rajouta trois vertèbres à sa Grande Odalisque(DP).
Ingres reçoit à partir de 1824 honneurs et commandes officielles. Il n'abandonne cependant pas le portrait dont celui de Monsieur Bertin, de 1832, est un sommet.
Retour à Rome
Le rejet par la critique et par le public, de sa dernière peinture d'histoire Le Martyre de Saint Symphorien exposée au Salon de 1834, le détermine à accepter la direction de l'Académie de France à Rome, où il reste jusqu'en 1845. De retour à Paris, il peint à nouveau des portraits et reçoit à nouveau des commandes de grandes œuvres décoratives (DP).
Il se détache du néo-classicisme par la subordination de la forme à l'expression, simplifiant ou déformant l'anatomie pour se rapprocher de l'expression du caractère individuel (DP). Il s'oppose aussi à l'enseignement officiel sur la nature du beau idéal. Pour l'Académie, celui-ci se traduit par un jeu de proportions canoniques, et la profondeur du savoir du peintre s'obtient par la connaissance de l'anatomie artistique, tandis qu'Ingres réprouve l'étude de l'intérieur du corps humain au profit de l'observation fine de la morphologie[10], qui aboutit à représenter non pas un idéal générique, mais celui correspondant à l'individualité du modèle, et pratique la simplification des formes, condamnant la représentation du détail à l'intérieur du modelé (DP).
Dominique Ingres est aussi violoniste et devient, durant un temps, deuxième violon à l’Orchestre du Capitole de Toulouse. De ce loisir est née l’expression «violon d’Ingres».
Mort et hommages
Il meurt le au 11, quai Voltaire dans le 7earrondissement de Paris[11], où une plaque lui rend hommage. Il est enterré à Paris au cimetière du Père-Lachaise (23edivision)[12].
Conformément à la volonté de l'artiste de léguer à sa ville natale une grande partie de ses dessins (4 500) ainsi que certains objets personnels, le musée Ingres ouvre ses portes au milieu du XIXesiècle dans l'enceinte de l'ancien palais épiscopal de Montauban; Armand Cambon, Montalbanais élève d'Ingres, fut son exécuteur testamentaire et le premier conservateur du musée.
Henry Lapauze (1867-1925), historien d'art spécialiste d'Ingres, conservateur du Petit Palais à Paris, mais surtout président du comité Ingres, organise en [13] avec la municipalité de Montauban les festivités en hommage à Ingres et de l'inauguration du musée Ingres: de nombreuses célébrités littéraires et artistiques entouraient Alfred Roll, président de la Société nationale des beaux-arts, et Léon Bérard, sous-secrétaire d'État aux beaux-arts. Un poème de Daniel Lesueur intitulé Ingres de Montauban sera dit par Louis Brémont.
Son œuvre recouvre essentiellement trois genres, la peinture d’histoire, principalement exécutées lors de son séjour italien, les portraits et les nus féminins.
Hector et Andromaque (?), graphite et lavis gris, H. 0,353; 0,510 m[40]. Il est d'usage de considérer ce dessin comme une étude pour l'épreuve du concours du prix de Rome de 1801 dont le sujet est les adieux d'Hector et d'Andromaque. Cette composition traduit sa formation dans l'atelier de Jacques-Louis David.
Feuille de croquis, plume, encre brune sur calque brun. H. 0,200; L. 0,179 m[41]. Alors pensionnaire de l'Académie de France à Rome, Ingres réalise ces croquis qui témoignent d'un projet d'envoi, une représentation d'Hercule et les Pygmées. Il délaisse cette idée pour une Vénus anadyomène, puis pour Jupiter et Thétis.
Etude de figures, plume, encre brune sur calque. H. 0,057; L. 0,087 m[42]. Ce dessin pourrait être une première pensée pour Œdipe expliquant l'énigme du Sphinx, peint en 1808 comme envoi de Rome. C'est à la plume, d'un trait rapide, qu'Ingres traçait les premières lignes d'une composition.
Intérieur de l'église Sainte-Praxède à Rome, graphite, plume, encre brune, aquarelle, gouache et rehauts d'or. H. 0,254; L. 0,184 m[43]. Cette ambitieuse aquarelle reflète l'éblouissement d'Ingres lors de son séjour à Rome entre 1806 et 1820. Il y représente plus particulièrement la chapelle Saint-Zénon, avec son riche décor de mosaïque, témoignant de son goût pour le genre historique et pour l'architecture des premiers siècles de la chrétienté.
Etude de jeune homme nu assis [Raphaël peignant sur des tableaux de son maître], graphite. H. 0,360; L. 0, 270 m[44]. Cette feuille est une esquisse pour un des tableaux qui devaient composer un cycle sur la vie de Raphaël, jamais achevé. Cette étude fut exécutée d'après un modèle vivant dans lequel Ingres avait sans doute vu l'incarnation du type raphaélesque.
Etude de drapé pour Jésus remet à saint Pierre les clefs du Paradis, pierre noire et rehauts de craie sur calque brun. H. 0,348; L. 0, 223 m[45]. Cette étude est à rattacher à l'abondante série de dessins préparatoires exécutés par Ingres pour ce tableau. La disposition des plis présente des similitudes avec le manteau de saint Paul placé derrière Jésus dans l'œuvre définitive.
Femme nue couchée et études de têtes et de bras, graphite. H. 0,210; L. 0,343 m[46]. Verso: reprise de la même figure par transparence. La position de la femme nue n'est pas sans rappeler celle des allégories de huit villes au sein de l'Apothéosede Napoléon Ier, peinte au plafond du salon de l'Empereur dans l'ancien hôtel de ville à Paris (brûlé en 1871). Cette feuille témoigne du retour d'Ingres au thème des odalisques vers 1854, et de ses recherches à la fois réalistes et idéalisées du corps.
Portrait de madame Leblanc, graphite. H. 0,295; L. 0,220 m[47]. Inscription en bas à droite: offert à Madame Leblanc par son très humble serviteur Ingres. Ce portrait est traditionnellement identifié comme étant celui de sa destinataire, Françoise Leblanc (1788-1839). Cette hypothèse est étayée par la dédicace et la comparaison du visage avec d'autres portraits, notamment celui réalisé par Ingres et conservé au Metropolitan Museum of Art à New-York.
Portrait de madame Ingres, née Madeleine Chapelle, cousant, graphite. H. 0,151; L. 0,125 m[48]. C'est à la dérobée qu'Ingres observe sa femme dans cette étude, livrant un rare exemple de portrait intime. Marie-Madeleine Chapelle, qui était modiste, est ici saisie dans une mise en page qui n'est pas sans évoquer la peinture hollandaise du Siècle d'or, et notamment La Dentellière de Johannes Vermeer.
L'Iliade, graphite. H. 0,312; L. 0,214[49]. Cette feuille est une étude pour la figure de l'Iliade, assise à la droite d'Homère dans l'Apothéose d'Homère, qui était à l'origine un plafond réalisé pour le musée Charles X. Pour cette figure précise, Ingres s'inspira vraisemblablement d'un relief votif antique reproduit par Galestruzzi dans une estampe dont il possédait un exemplaire.
Etude pour le vœu de Louis XIII, pierre noire, graphite et rehauts de craie blanche[50]. Cette étude de tête et de bras d'enfant est à rattacher aux recherches menées par Ingres pour Le vœu de Louis XIII, recherches exigeantes sur la forme, reprise et perfectionnée.
Etude de draperies: deux variantes pour les plis d'un manteau, graphite. H. 0,353; L. 0,231 m[51]. Cette double étude de draperie fait partie du corpus des dessins préparatoires au Martyre de saint Symphorien, et montre les recherches du peintre pour le mouvement du manteau de saint Symphorien. Pour sa composition peinte, Ingres privilégie l'étude d'après le modèle vivant, multipliant les dessins préparatoires où chaque figure et drapé sont étudiés avec soin.
Saint Philippe, graphite. H. 0,400; L. 0,171 m[52]. Et Sainte Radegonde, graphite. H. 0,372; L. 152 m[53]. Ces deux études sont préparatoires aux vitraux de la chapelle commémorative Saint-Ferdinand bâtie pour rendre hommage au duc d'Orléans, fils de Louis-Philippe et Marie-Amélie de Bourbon, mort en 1842, et à un vitrail de la chapelle royale de Dreux consacrée à sainte Radegonde, épouse de Clotaire Ier. La fabrication des vitraux, d'après les cartons d'Ingres, fut confiée aux peintres verriers de la manufacture de Sèvres.
Feuille d'études, plume sur papier vergé. H. 0,152; L. 0,114 m[54]. Verso: figure drapée à mi-corps à la plume, encre brune. Ce dessin rapide à la plume évoque la figure de Jupiter chevauchant un aigle qui apparaît dans l'aquarelle collée sur cuivre La Naissance de la dernière muse (Louvre), présentée au Salon de 1859.
Autoportrait de l'artiste à la fin de sa vie, graphite. H. 0,194; L. 0,147[55]. Ce dessin est à rapprocher de trois de ces autoportraits peints au cours de la dernière décennie de sa vie et notamment celui de 1859 conservé au Fogg Art Museum, conçu comme un pendant de celui de sa femme Delphine Ramel. La pose choisie est empruntée à l'Autoportrait à l'âge de 63 ans de Rembrandt.
Galerie
Œuvres de Jean-Auguste-Dominique Ingres
L'Étude académique d'un torse masculin (1801), huile sur toile, 97,5 × 80,6 cm, Varsovie, musée national.
Bonaparte, Premier Consul (1803-1804), huile sur toile, 226 × 144 cm, Liège, La Boverie.
Portrait de Madame Duvaucey (1807), huile sur toile, 76 × 59 cm, Chantilly, musée Condé.
«M. Ingres soulève contre lui les intelligences médiocres; il en est de sa nature comme du caractère des hommes supérieurs qu'un défaut de concession aux usages de la société travestit en orgueilleux ou en sauvage», écrit Charles Lenormant[64].
Eugène Delacroix a d'abord applaudi Ingres; il s'est montré, dans ses écrits, respectueux, voire admirateur de son ainé. Son Journal, publié après sa mort, le montre parfois satisfait de lui[65], mais après quarante ans de concurrence dans les Salons et les commandes publiques[66], plus polémique, lui reprochant son «goût mêlé d’antique et de raphaëlisme bâtard», auquel il dit préférer encore celui de l'École de David entendant sans doute par là que Ingres commet l’erreur de «se [croire] semblable à Raphaël en singeant certains gestes, certaines tournures qui lui sont habituelles[67]».
Charles Baudelaire , grand admirateur de Delacroix, a plusieurs fois formulé le reproche que: «Le grand défaut de M. Ingres […] est de vouloir imposer à chaque type qui pose sous son œil un perfectionnement plus ou moins complet […] emprunté au répertoire des idées classiques.» Lorsque Ingres entreprend de peindre «un modèle grand, pittoresque, séduisant», il tombe «victime d’une obsession qui le contraint sans cesse à […] altérer le beau», à «[ajouter] quelque chose à son modèle […] par impuissance de le faire à la fois grand et vrai [68].» Il reconnait il aussi ses réussites: le primat du dessin et l'art du portrait, "un genre dans lequel il a trouvé ses plus grands et légitimes succès.[69]
Vincent van Gogh écrivait à son frère Théo: «Un Ingres, un David, des peintres dont vraiment la peinture n’est pas toujours belle, combien ils deviennent intéressants, quand mettant de côté leur pédantisme, ils s’oublient à être vrais, à rendre un caractère[70].»
Edmond de Goncourt, volontiers cinglant, dénigrera le tableau Bain antique vu à l’exposition Khalil-Bey de 1867 en évoquant: «une mêlée de corps mannequinés, avec des disproportions presque caricaturales, une assemblée de sauvagesses de la Terre de Feu, découpées dans du pain d’épice, des corps qui retournent à la primitivité embryonnaire des premières académies de l’art.» Quelque vingt ans plus tard, son avis n’a pas changé: «Et les pauvres petites misérables mines de plomb de M. Ingres, est-ce de l’art assez gringalet à côté des préparations de La Tour, de la préparation de Chardin […][71]!»
En revanche, Édouard Manet affirmait que «dans notre siècle, M. Ingres avait été le maître des Maîtres» et vouait une grande admiration à La Source, tableau de 1856[72].
Paul Gauguin écrit à propos de Ingres que «cette froideur apparente qu’on lui reproche cache une chaleur intense, une passion violente.» Il admire chez le maître «un amour des lignes […] grandiose, et une recherche de la beauté dans sa véritable essence, la forme[73].»
Postérité
Tombe d'Ingres à Paris au cimetière du Père-Lachaise. Buste réalisé par Jean-Marie Bonnassieux (1810-1892).Antoine Bourdelle, Buste de Jean-Auguste-Dominique Ingres (1908), musée Ingres-Bourdelle.
Des courants hostiles aux principes qu'Ingres défendait marquent la génération qui le suit. Peu de ses peintures sont exposées. Celles qui sont au musée du Louvre y sont entrées après sa mort. Son influence croît à la fin du XIXesiècle alors que les jeunes peintres tentent de se dégager de l'influence de leurs prédécesseurs impressionnistes[74].
Son influence se ressent cependant dans la peinture académique[réf.souhaitée] et jusque chez les impressionnistes comme Auguste Renoir, lequel qualifie de «période ingresque» la manière de ses œuvres de 1881 à 1889[75].
Au XXesiècle, Pablo Picasso fait plusieurs fois référence à son œuvre avec, en particulier, une Grande odalisque d’après Ingres peinte en 1907 et déclare: «Il est notre maître à tous»[réf.nécessaire]. Il trouve dans Ingres «la simplification des formes et la pureté du trait[76]».
Henri Matisse se réfère à sa «couleur presque compartimentée et entière», notant qu'il fut le premier à «utiliser des couleurs franches, sans les dénaturer[78]».
Dans un autre genre, Man Ray lui rend hommage sur le thème des nus féminins de dos dans son célèbre Violon d’Ingres (vers 1920), photographie d’une modèle dénudée sur laquelle il a dessiné les ouïes de l’instrument de musique. D’autres artistes contemporains, dont Martial Raysse, font référence à ses peintures les plus célèbres. On peut aussi citer Gérard Collin-Thiébaut et son œuvre Ingres, La Grande Odalisque, Transcription, un puzzle en carton de 69 × 84 cm, de 1 500 pièces, réalisé en 2008.
Ingres est l'un des artistes les plus cités dans les compositions interpicturales du peintre péruvien Herman Braun-Vega[79],[80]. Ce dernier lui consacre d'ailleurs une exposition tout entière en 2006 à l'occasion de l'année Ingres[81].
Le musée du Louvre à Paris a proposé une rétrospective de l'œuvre du peintre dans le cadre de l'exposition «Ingres», présentée dans le hall Napoléon du au [82]. Une exposition «Ingres et l’Antique» a été présentée du au au musée de l'Arles et de la Provence antiques à Arles.
Du au , le musée Ingres de Montauban a présenté l'exposition Ingres, Ombres permanentes. Belles feuilles du musée Ingres de Montauban, en automne au musée de la vie romantique à Paris.
Du 5 février au 31 mai 2009 au musée national des beaux-arts du Québec et du 3 juillet au 4 octobre 2009 au musée Ingres de Montauban, exposition Ingres et les modernes[80].
«L'invention du passé. Histoires de cœur et d'épée en Europe, 1802-1850», du au , musée des Beaux-Arts de Lyon.
Michel Laclotte (dir.), Jean-Pierre Cuzin (dir.) et Arnauld Pierre, Dictionnaire de la peinture, Paris, Larousse, (lire en ligne), p.396-398.
«Fille de Mathieu Lambert Chapelle, menuisier, et de Jeanne Nicaise, elle a été baptisée en l'église Saint-Alpin de Châlons le .» Cité par François Lefèvre in «Le peintre Ingres et Châlons-en-Champagne», Bulletin de la Société d'Agriculture, Commerce, Sciences et Arts de la Marne, n°49, printemps 2017.
«Ingres (Jean-Auguste-Dominique)», dans Adolphe Robert et Gaston Cougny, Dictionnaire des parlementaires français, Edgar Bourloton, 1889-1891 [détail de l’édition].
Les Beaux-Arts de Paris possèdent une importante collection de dessins d'Ingres. Voir, Emmanuelle Brugerolles (dir.), Ingres et ses élèves, Carnets d’études 39, Beaux-arts de Paris éditions, 2017.
Ingres et les modernes (Catalogue de l'exposition organisée conjointement par le Musée national des beaux-arts du Québec et le musée Ingres de Montauban en 2009), Paris, Somogy, éditions d'art, , 336p. (ISBN978-2-7572-0242-5), p.264:
«L'œuvre de Braun-Vega regorge d'allusions ingresques depuis qu'il a découvert les dessins du Montalbanais au Louvre en 1972»
«Exposition: Le peintre Braun‑Vega à Beurnier», Le Pays, (lire en ligne):
«À l'occasion de l'année Ingres, Bernard Fauchille, le directeur des musées de Montbéliard, a choisi de présenter «Bonjour Monsieur Ingres» au musée d'art et d'histoire Beurnier-Rossel.
Cette exposition se compose de dessins et de peintures réalisés entre 1982 et 2006 par Braun‑Vega à partir des tableaux de jean-Auguste-Dominique Ingres.»
Critique de l'exposition par Didier Rykner, sur le site de La Tribune de l'Art, 30 avril 2006.
Jean Alazard, «Ce que J.-D. Ingres doit aux Primitifs italiens», Gazette des beaux-arts, 78e année, t.XVI 6e période, 1936 2e semestre, p.167-175 (lire en ligne)
Jacques Fouquet, La Vie d'Ingres, Paris, Gallimard, , 2eéd. (lire en ligne).
Jean-Auguste-Dominique Ingres, Écrits sur l'art, Grasset, .
Henry Lapauze, Les dessins de J-A-D. Ingres du Musée de Montauban, préface de Henry Roujon, édit. JE. Bulloz, 1901, 308 p.
Ouvrage couronné par l'Académie française, prix Charles Blanc 1902.
Henry Lapauze, Le roman d'amour de M. Ingres, Éd. P. Laffitte, 1910, 226 p.
Henry Lapauze, Ingres, sa vie et son œuvre (1780-1867): D'après des documents inédits, Paris, Imprimerie Georges Petit, (BNF30738139, lire en ligne), chap.II.
Henry Lapauze, Jean Briant, paysagiste (1760-1799), maître de Ingres et le paysage dans l'œuvre de Ingres, Imp. G. Petit, 1911, 54 p.
Marie-Louis Desazars de Montgailhard, «Ingres (1780-1867)», dans Les artistes toulousains et l'art à Toulouse au XIXesiècle, Toulouse, Librairie-Marqueste/E.-H. Guitard, , 477+XVII (lire en ligne), p.41-95
D. Ternois et P. Nesplé, Ingres et ses maîtres, [catalogue d'exposition], Montauban-Toulouse, 1955.
N. Schlenoff, Ingres, ses sources littéraires, Paris, 1956.
N. Schlenoff, Les Cahiers littéraires inédits de J.A.D. Ingres, Paris, 1957.
D. Ternois et J. Lacambre, Ingres et son temps, [catalogue d'exposition], musée Ingres, 1967.
Uwe Fleckner (trad.de l'allemand par Catherine Vacherat), Jean-Auguste-Dominique Ingres, Paris, H. F. Ullmann, coll.«Maîtres de l'art français», , 140p. (ISBN978-3-8331-3733-4).
Catherine Lépront, Ingres, ombres permanentes. Belles feuilles du musée Ingres de Montauban (Catalogue de l'exposition du musée Ingres à Montauban), Éditions Le Passage, , 157p. (ISBN978-2-84742-114-9)
Ingres et les modernes (Catalogue d'exposition), Somogy, Musée national des beaux-arts du Québec, Musée Ingres, , 336p. (ISBN978-2-7572-0242-5)
Jérôme Prieur, Ingres en miroir, Éditions Le Passage, Musée de Montauban,
Emmanuelle Brugerolles (dir.), Ingres et ses élèves, Carnets d’études 39, Beaux-arts de Paris éditions, .
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